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VU À L'ÉTRANGER La Covap optimise ses marchés en soignant son image grand public

Ricardo Delgado Vizcaino, président de la Covap : « 80 % de notre production laitière est vendue au principal distributeur alimentaire espagnol Mercadona. C'est notre force. »C. DEQUIDT

Grâce à son organisation et sa volonté, la coopérative espagnole Covap a réussi à développer une activité économique prospère dans une nature hostile.

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Au nord de l'Andalousie, dans le village de Pozoblanco, se dressent fièrement les usines du groupe Covap, principale coopérative de productions animales d'Espagne de premier degré (lire encadré). Dans cette partie aride, où il pleut moins de 500 mm par an avec des périodes de sécheresse récurrentes de plus de cinq mois, royaume des chênes-lièges et verts, le système coopératif s'avérait être la seule façon de permettre à l'agriculture de vivre. En 1959, vingt-deux pionniers décidaient alors d'unir leurs forces pour créer la Covap. Ils sont aujourd'hui 7 200.

Ricardo Delgado Vizcaino, le troisième président de la Covap qui vient d'être réélu pour quatre ans, a une rhétorique affirmée : « Notre coopérative doit avoir la maîtrise de la production à la commercialisation, tout en préservant la chaîne de valeur et l'équité de la valeur ajoutée pour tous les acteurs. »

Une référence courtisée

La coopérative, spécialisée dans les productions animales, développe ainsi quatre métiers : la transformation du lait, la fabrication du fameux jambon ibérique Pata Negra, l'élevage ovin et caprin et l'alimentation animale. Avec un chiffre d'affaires de 404 M€ en 2015, en constante progression, elle est une référence qui lui vaut d'être courtisée par d'autres coopératives, et les entreprises de la chaîne alimentaire. Stabilité politique, organisation de proximité et surtout développement de partenariats stables et pérennes pour les débouchés sont le secret de sa réussite. « En Espagne, la production laitière connaît de grandes difficultés, nous avons réussi à développer un modèle économique qui permet aux paysans de vivre décemment de leur métier », assure Ricardo Delgado Vizcaino. Pour y parvenir, la coopérative a fait des choix. Même si l'on ne parle pas d'intégration, cela y ressemble beaucoup, car les éleveurs livrent à 100 % leur production, en contrepartie la Covap leur assure un prix 15 % supérieur au prix national. Elle leur fournit l'aliment à un prix raisonnable, les conseils techniques et vétérinaires et collecte quotidiennement leur lait. Elle va jusqu'à s'occuper pour eux du travail du sol et du semis des céréales.

Forts accords commerciaux

Rien n'est dû au hasard. Son succès est aussi facilité par la proximité de ses 323 exploitations laitières qui produisent en moyenne 850 000 l et sont situées dans un rayon de 24 km autour de l'usine. Ainsi, 340 millions de litres de lait par an sont transformés et packagés. Entre la traite et la transformation, il y a moins de 24 heures. « Les techniciens de la coopérative sont à l'écoute des éleveurs en permanence », assure Diego Ezequiel Ruiz di Genova, directeur des services et de la nutrition. Cette première étape de la réussite est complétée par l'accord commercial que la Covap a passé avec la chaîne de magasins Mercadona, la plus importante d'Espagne avec 80 % de la production vendue sous marque distributeur. « Nous avons un contrat renouvelable tous les trois ans, précise le président de la coopérative. Nous travaillons en pleine sérénité et confiance. Mercadona a besoin de nous et nous d'eux. » La Covap est le principal fournisseur de tous les supermarchés au sud de Madrid.Côté productions porcine et ovine, même volonté d'organisation. Depuis des générations, des chênes ont été plantés sur les contreforts de la Sierra Morena et les agriculteurs s'en servent aujourd'hui pour nourrir leurs porcs et leurs moutons.

Du jambon d'excellence

Avec les porcs, la Covap développe le fameux jambon ibérique, connu dans le monde entier. Elle est l'une des quatre entreprises à détenir le label « porc ibérique », et 90 % de la production des adhérents bénéficie de ce signe de qualité. La coopérative vend les reproducteurs et rachète les animaux à dix-huit mois. Ils sont abattus suivant une méthode douce, afin d'éviter le stress, puis découpés sur place. Au total, 60 M€ de stocks, en affinage de quatre à six ans, dorment et fructifient dans les sous-sols de l'abattoir. La commercialisation se fait sous la marque « Ibéricos Covap ». La majorité de ces jambons est vendue dans des épiceries fines, notamment dans les galeries de luxe des centres El Corte Inglés, les bars à tapas ou, encore, dans l'un des cinq magasins de vente directe créés dans les cinq plus grandes villes espagnoles.

Travailler la notoriété

« Nous avons fait cette démarche, non pas pour le chiffre d'affaires, mais pour l'image institutionnelle et la notoriété, se réjouit Angeles Martos Higuera, la responsable marketing. Notre jambon est connu et très apprécié des consommateurs. » Sur ce marché fluctuant en fonction de la situation économique, la Covap est leader avec plus de 20 % du marché espagnol. Grâce à la renommée du produit, la coopérative a vocation à vendre à l'international.

Christophe Dequidt

Les porcs de la race ibérique sont élevés en pleine nature sous les chênes.

C. DEQUIDT

C. DEQUIDT

Diego Ezequiel Ruiz di Genova, directeur des services et de la nutrition, devant l'un des cinq magasins de la Covap où le jambon ibérique est roi.

C. DEQUIDT

Un outil moderne au service des agriculteurs.

C. DEQUIDT

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